Comment j’ai atténué mes crises de panique

Crise de panique Carriere introspection psychologie prise de conscience

Une fois, une méchante santé mentale est venue à ma rencontre, puis s’est sauvée !

En 1992, j’avais 20 ans. Sans vraiment m’en rendre compte, j’avais toujours été assez angoissé et anxieux de nature. Ayant été assez actif pendant l’enfance et l’adolescence, certains de mes états d’êtres sont passés presque inaperçus. Enfant, il y a eu la bicyclette, la planche à roulettes, les jeux, la famille, et il semblerait que ça m’a permis de canaliser le tout. Puis, quand je suis devenu adolescent, il y a eu la batterie, la guitare, un peu de drogue, beaucoup d’alcool, une copine, encore la bicyclette, la planche à roulettes, les jeux, la famille, et les amis. Je viens d’une famille aimante, présente, et bien que mon père fût alcoolique, j’en ai très peu souffert.

Aujourd’hui, je constate que malgré tout cet amour et cette sécurité dans laquelle je vivais, je souffrais énormément à l’intérieur. Mon premier amour d’adolescence a été très un véritable supplice, non pas à cause de l’autre, mais bien parce que je ressentais inconsciemment que je ne méritais pas cet amour, que j’en étais indigne. Je croyais que si quelqu’un m’aimait, c’était parce qu’il me faisait une faveur. Être amoureux me paralysait. Je devenais incapable de fonctionner à certains moments, de peur qu’éventuellement l’autre me rejette, me quitte. Et c’est exactement ce qui s’est passé! Cette crainte de perdre m’a finalement mené à ce que je redoutais de vivre! Je croyais aussi qu’en devenant bon et actif sexuellement, je serais digne d’être dans les faveurs de ma copine. Mais ma dépendance affective l’a étouffé.

J’avais peur d’être jugé par les gens à un point ou parfois, je préférais faire un détour plutôt que de devoir passer devant plusieurs personnes lorsque je marchais dehors. Je m’imaginais qu’ils allaient rire de moi, intérieurement ou en groupe. L’adolescence étant une période où toutes nos perceptions, vraies ou erronées, semblent être amplifiées par une gigantesque loupe, ça n’aidait pas ma cause. J’avais parfois un mal de vivre intense qui semblait d’origine inconnu. J’étais une anomalie, une maladie honteuse dont on ne chuchote que le nom tout bas.

Chaque moment était vécu avec un sentiment d’urgence, et de catastrophe imminente. Traitant intérieurement toutes les situations de la même manière, faire la vaisselle était pour moi aussi éprouvant que de me faire courir après par un ours. Alors, lorsqu’il m’arrivait quelque chose de vraiment alarmant, j’étais extérieurement toujours calme. Le fait d’être dans un état constant d’hypervigilance m’a créé une bulle de protection, et j’ai fini par ne plus être capable d’en sortir. À trop vouloir me protéger, je suis devenu mon propre prisonnier.

Mais à l’été 1992, je me suis ramassé au tapis. Bang !!! … J’étais seul à mon chalet, à prendre une pause après avoir travaillé toute la matinée dans les plates-bandes. Lorsque j’ai soudain ressenti une lourdeur physique au milieu du thorax. Une oppression qui s’est transformée en douleur, et mes bras et le bout de mes doigts sont devenus engourdis. Un pétillement s’est installé dans ma tête, comme le son d’une boisson gazeuse lorsqu’on la verse dans un verre. Mon visage semblait sous anesthésie locale, tout est devenu presque noir, et je n’arrivais plus à respirer. Croyant que je faisais une crise cardiaque, je me suis levé et j’ai commencé à me débattre, car je voyais la réalité s’effondrer sous mon nez. Je voulais me rendre au téléphone faire le 911 avant de m’écrouler et de mourir sur place. La perception du temps est très relative dans ces moments-là. J’ai passé ce qui m’a semblé être une éternité à me débattre, alors qu’en réalité, tout s’est déroulé en quelques minutes. Je marchais à quatre pattes en direction du chalet, et puis en chemin, tout est redevenu normal petit à petit. Je ne le savais pas à ce moment-là, mais je venais de faire ma première crise de panique. Vu que tout était revenu à l’ordre, je n’ai pas appelé l’hôpital. Il n’y a que les fous qui vont là !

Les choses se sont envenimées par la suite. À chaque fois que je prenais une pause, que je relaxais, ou me couchais pour dormir, l’événement se reproduisait. Déjà qu’en temps normal je carburais au stress constant, mes temps de repos sont devenus un enfer. Je me disais toujours que ça allait passer, que je n’avais pas besoin d’aide. Je n’en parlais pas vraiment non plus, de peur d’être confronté à mon impuissance. J’avais peur de me retrouver en public, peur de m’effondrer devant tout le monde. Peur d’exposer ma vulnérabilité, moi qui étais si invincible.

Pendant deux longs mois, j’ai eu l’impression de mourir huit fois par jour. À la fin de l’été, j’avais les traits tirés et je me demandais s’il ne valait pas mieux mourir que de vivre ça toute ma vie finalement. Un soir, alors que je redoutais l’heure du dodo, que je repoussais toujours de plus en plus d’ailleurs. J’ai fini par me coucher, et bien sûr, Madame De La Panique était au rendez-vous ! Tapie dans l’ombre, elle se délectait de me torturer encore une fois. Ce fut la dernière!

Je me suis couché, et les symptômes ont commencé à s’installer. J’en avais tellement ma claque que je me suis dit intérieurement : « Crève !!!  Allez, crève !!! Go, meurs !!! » Plus ma rage devenait totale, plus les symptômes se sont atténués, ce qui m’a davantage mis dans un état de fureur. Pendant un certain moment, j’étais de la rage à l’état pure, en même temps d’être dans un lâcher-prise complet. Je me suis installé confortablement, à rager et lâcher-prise. Je voulais en finir, et en mon for intérieur, la mort était la solution. « Madame De La Panique, si vous voulez m’emmener avec vous, c’est le bon moment, car je m’en contrefous. » Je répétais sans cesse : « Crève !!!  Allez, crève !!! Go, meurs !!! » J’avais l’impression de vivre un exorcisme ! Constatant l’absurdité de tout ça, je me suis mis à rire comme un dément puis, petit à petit, tout est redevenu normal. Une légèreté s’est installée, et j’ai pu dormir d’un sommeil profond pour une première fois depuis longtemps.

Les crises de paniques sont revenues. Mais, un pas à la fois, j’ai appris que peu importe ce que je fais quand elles surviennent, je m’assois ou je me couche, je relâche tout intérieurement, extérieurement, et je me concentre à respirer convenablement. Sans la rage bien sûr ! Aujourd’hui, je n’en fais plus. Je n’ai pas combattu mes problèmes. En fait, j’ai plutôt appris à vivre avec!

Je vis dans une réalité que l’on appelle l’anxiété généralisée. Un hypersensible anticipant les infinies possibilités futures, et revivant le passé à outrance, faisant du présent un moment inexistant. Je ne parlerai pas ici de sa définition officielle, mais bien de ce que j’ai découvert et expérimenté face à cette réalité. Dans mon cas, avec les années, l’anxiété et le stress sont devenus une force. Une force dans le sens où je me suis évertué à m’en servir dans d’autres aspects que ceux dans lesquels ils évoluent en temps normal. Je me suis rendu compte que l’anxiété et le stress prennent souvent naissance dans un contexte où la personne qui en est atteinte ne se sent pas utile envers qui que ce soit. Elle a le sentiment de n’avoir aucune valeur, pas même à ses propres yeux. Il y a aussi les gens qui sont constamment en train de faire un travail qu’ils n’aiment pas. Dans ces cas, leur propre système les empoisonne par des substances chimiques internes. Leur corps devient malade et s’autodétruit, tant mentalement que physiquement. Cependant, pour la plupart des gens qui vivent avec le sentiment d’avoir de la valeur, et qu’ils font ce qu’ils aiment. Leur corps physique et leur structure mentale deviennent plus fort.  Moins on a, plus on se fait enlever. Plus on a, plus on reçoit.

Alors, quelqu’un qui a un travail exigeant qu’il n’aime pas, vivra un stress destructif. Tandis qu’un alpiniste gravissant une montagne périlleuse, vivra un stress propulsif. Les deux vivent une tension nerveuse. Pourtant, elles n’auront pas les mêmes effets dans le corps. Alors, je constate que dans certains cas, ce n’est pas le stress qui est le vrai problème. Notez bien que je ne parle ici que de mon expérience et de ce que j’ai constaté brièvement.

Pour ce qui est de l’anxiété généralisée, ce que j’en fais aujourd’hui est beaucoup plus propulsif que ce que je vivais avant. Je dois cependant être toujours vigilant, car de mauvaises habitudes peuvent refaire surface à n’importe quel moment. Ma réalité, je l’ai mise au service des autres, ainsi qu’au mien. Combinant empathie, intelligence et sensibilité, je canalise le tout en étant compositeur de musique, et aussi organisateur d’événements spirituels. J’ai trouvé un chemin, et je le redéfinis au gré des années, des besoins et des nouvelles connaissances acquises.

Cet article n’est juste qu’un petit aperçu de ce que j’ai vécu, et bien sûr, ne représente pas toute la nature du problème qu’est l’anxiété. À chacun son chemin, mais une chose dont je suis certain, c’est que peu importe le chemin, il y a une porte de sortie dans le monde du vivant.

Merci de m’avoir lu !

 

Tous les liens où j’ai pris les œuvres pour faire le montage photo de mon article ci-bas:

https://weheartit.com/articles/304239449-panic-attack

https://www.discogs.com/Autodafeh-Identity-Unknown/release/2162964

https://www.pinterest.ca/pin/158963061828288589/

https://greendeminix.wordpress.com/2012/11/09/helpful-ideas-for-coping-with-panic-attacks/

https://temasempsicologia.com.br/2018/transtornos/transtorno-de-panico/

 

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Je suis compositeur de musique de méditation et d'introspection

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