Ma fille Emy, son art, sa persévérance.

Carriere et Emy

Dans le cadre de ce blogue, je ferai de l’espace aux parcours de gens que je trouve créatifs et inspirants. L’article suivant nous parle du quotidien actuel d’une adolescente de 17 ans, qui est atteinte d’un TDA, d’anxiété généralisée, qui a vécu des périodes d’automutilation, et fait deux tentatives de suicide. Je vous présente ma fille Emy.

Pour de plus amples informations sur ce qui l’a mené à la dépression, j’ai mis des liens à la toute fin de son passage à l’émission radiophonique de Radio-Canada « Médium Large », et aussi à l’émission « Remue-Ménage ».

L’article nous parle des outils qu’Emy a mis en place afin de pouvoir évoluer à travers les défis que représente la maladie mentale.

À la question : « Comment se passe ta vie au quotidien maintenant que tu as surpassé cet épisode de dépression ? »

Voici la retranscription de ce qu’Emy avait à dire:

« Mon but premier, c’est de ne pas m’isoler! Je fais beaucoup d’anxiété sociale, ce qui fait que j’évite les situations où je dois entrer en contact avec d’autres personnes. Je ne sors pas souvent de chez moi, mais lorsque je le fais, je préfère généralement être accompagnée, parce que je me sens plus en sécurité ainsi. Quand je suis à l’extérieur, j’ai parfois le sentiment que je vais me faire attaquer. J’arrive généralement à passer par-dessus ce sentiment, mais parfois, je n’y parviens pas. Alors, lorsque c’est trop intense, je prends congé et j’attends que ça passe. J’ai beaucoup de difficulté à croire que cette anxiété puisse un jour ne plus faire partie de ma vie et de mon quotidien. Alors, j’essaie d’apprendre à mieux gérer et contrôler les pensées qui se bousculent dans ma tête, et ce qu’elles engendrent comme sentiment à l’intérieur de moi. Je tente également d’assumer et d’accepter ce qui se passe, et de vivre avec!

Il y a des journées où je ne me sens pas la force de faire quelque chose, alors je passe du temps sur mon cellulaire. D’autres jours où je me sens plus productive, je crée; du maquillage, du dessin, de la musique ou de l’entrainement physique. Ça m’aide grandement à enlever le focus qui est inhérent aux gens anxieux.

Dans la vie, on ne peut pas toujours avoir le contrôle, et c’est quelque chose d’extrêmement difficile à vivre lorsqu’on fait beaucoup d’anxiété. Mais lorsque je crée, je ressens ce sentiment, et ce besoin, de pouvoir maîtriser la situation dans laquelle je suis, et c’est apaisant. Faire du dessin en est un exemple, et ça me donne également l’occasion de me perfectionner. Reproduire le plus fidèlement possible sur papier ce que je vois est pour moi un gros défi, et il arrive que j’aie le goût d’abandonner. Mais, lorsque je persévère, quelques heures plus tard, je peux voir que le fruit de mon travail et de ma patience donne de bons résultats. En somme, je pratique ma constance et ma tolérance par la même occasion!

Faire de l’art est vraiment bénéfique pour moi. Lorsque je fais de la musique, ça vient me chercher émotivement, alors que lorsque je fais du dessin, c’est plus quelque chose d’intellectuel. J’y trouve donc un équilibre. Certaine journée où je n’ai pas fait grand-chose et que je décide de m’y mettre, même si ce que je fais n’est pas parfait, j’ai quand même fait quelque chose et j’en suis fière, car c’est moi qui l’ai fait. Il y a un sentiment d’accomplissement.

Pour l’instant, je ne fais rien de vraiment professionnel. J’aimerais apprendre à vraiment maîtriser les couleurs, afin qu’elles puissent représenter exactement les émotions que je veux partager en dessinant. En ce moment, ce que je dessine le plus sont des yeux. Il y en a tellement de sortes, et c’est vraiment ce que l’on regarde lorsque l’on parle à quelqu’un.

L’inspiration pour dessiner m’est venue vers 7 ans, lorsqu’à l’école, dans la classe d’un de mes professeurs, j’ai vu un dessin d’un visage avec des couleurs. Ce n’était pas très réaliste en soi, c’était de style « cartoon ». Mais, j’ai commencé à dessiner des visages de ce genre, et ça m’a suivi jusqu’à aujourd’hui.

Pour ce qui est de la musique, je suis née dans ce milieu. Mon père est musicien et auteur-compositeur, et ma mère est chanteuse. C’est donc devenu une seconde nature pour moi. Avec la musique, je fais plus attention pour ne pas jouer des pièces qui sont tristes lorsque je vais moins bien, parce que ça m’affecte beaucoup. J’aime faire mes propres compositions, mais j’aime aussi reprendre celles d’autres artistes et les styliser à ma manière. La musique vient chatouiller mon esprit. C’est une des seules choses que je fais où je me sens vraiment à ma place. J’adore également le dessin, mais c’est vraiment une perspective différente pour moi.

Je fais de l’entrainement physique, et la raison première pour laquelle je le fais, c’est pour être prête pour l’apocalypse de zombies (rires). En fait, m’entrainer me fait autant de bien physiquement que mentalement. C’est sûr que lorsque l’on ne va pas bien, et que quelqu’un nous propose l’entrainement, c’est l’une des dernières choses que tu as envie de faire! Ça semble vraiment trop lourd. Mais un petit pas à la fois, ça devient possible. M’entrainer me donne le sentiment d’être en vie. Au début, quand j’avais 15 ans, je m’entrainais environ une fois par semaine. Mais, je manquais de motivation, alors il m’arrivait de sauter plusieurs semaines consécutives. À 16 ans, j’ai intégré une équipe de volleyball et ça m’a donné encore plus le goût d’être en forme. J’aime sentir mes muscles travailler, avoir mal et me sentir en santé.

Depuis l’hiver 2018, j’ai fait de l’entrainement sur une base régulière deux à trois fois par semaine. Puis de moins en moins, pour en faire une fois par deux semaines. J’ai songé à complètement arrêter, mais je me suis dit qu’il valait mieux une fois par deux semaines, que pas du tout! Cependant, je peux dire que peu importe le nombre de fois, ça fait du bien! L’entrainement m’a aussi aidé à ne plus m’automutiler. Je dirige mon attention vers quelque chose de plus constructif.

Je suis bien lorsque je suis seule, et je suis heureuse de ne pas être dépendante affective. Je ne me suis jamais fermée au fait d’avoir un copain ou une copine pour autant. Je suis restée ouverte. Aujourd’hui, j’ai un amoureux et ça va très bien! J’ai eu certaines relations toxiques par le passé, parce que lorsqu’on fait beaucoup d’anxiété, ça rend parfois difficile d’admettre que quelqu’un d’autre que tes parents puisse t’aimer.

Nombreuses sont les personnes qui mélangent le désir sexuel et l’amour! La plupart des gens aiment l’image qu’ils se font de l’autre, et lorsqu’ils réalisent que l’autre en question n’est pas vraiment cette image, c’est souvent à ce moment-là qu’ils s’en vont. Je m’entends généralement mieux avec des gens plus matures qui ont une expérience de vie. Dans ma relation actuelle, mon amoureux m’aime, pendant que moi, j’apprends à m’aimer. Et cette liberté de pouvoir être réellement qui je suis, et d’être aimé ainsi, me permet de mieux m’accepter et de me comprendre moi-même. Mon énergie n’est pas focalisée sur la peur constante qu’il me juge, mais bien sur la complicité que nous avons, et sur l’être qu’il est et que j’apprends à connaitre et à aimer de plus en plus chaque jour. Les relations saines sont tellement plus propulsives!

Évidemment, lorsque j’étais un peu plus jeune, mon anxiété faisait parfois fuir les autres. Mais, depuis 2 ans, j’ai été chercher pas mal de ressources qui me permettent de mieux fonctionner aujourd’hui.

Je sais que c’est dur pour les gens qui sont en crise de se dire que rien ne dure éternellement et que ça va finir par passer. Mes meilleurs moyens sont de ne pas m’isoler, aller chercher les bonnes ressources, mais pas nécessairement uniquement avec des adultes. Des amis en qui on a confiance, qui ne nous jugent pas, et surtout, qui savent écouter. L’entourage est un atout majeur dans ces moments-là. Il faut aussi trouver des exutoires, comme pour moi c’est la musique la plupart du temps. Ce n’est pas que je me sens mieux, mais au moins, ça me fait sentir quelque chose d’autre. Ce qui est vraiment difficile, c’est que parfois, même bien entouré, le fait de se sentir seul au monde est un obstacle majeur.

Il y a beaucoup de gens de ma génération qui se sentent de plus en plus mal, car ils se rendent compte que quelque chose ne va pas dans ce monde. L’hypersensibilité est à la hausse. La société actuelle ne cadre plus avec les besoins des nouvelles générations. Les gens parlent de plus en plus de leur mal être, mais ont encore peur du jugement et ont souvent peur d’avoir l’air capricieux. Le fait que plusieurs commencent à en parler, dont moi, que ce soit à la télévision, sur les réseaux sociaux ou peu importe où, est une ouverture qui appelle au changement.

Beaucoup de gens pensent que la maladie mentale est une façon de vouloir attirer l’attention de façon malsaine. Mais en fait, je ne m’en préoccupe pas trop! Car, ce n’est pas eux que je veux sensibiliser, mais surtout ceux qui me ressemble. J’ai la chance de ne pas vivre d’intimidation sur les réseaux sociaux, et il faut continuer à en parler, peu importe! Car l’ouverture, la compassion et la connaissance sont les clés de l’évolution. Merci de m’avoir lu 😊 »

Émy a obtenu son diplôme d’études secondaires en juillet dernier et entreprend des études collégiales en janvier 2019.

Voici des liens vers ses réseaux sociaux :

Pour les gens aux prises avec un « mal être », un sentiment de détresse ou tout autres problème liés à la santé mentale, je vous suggère de contacter le CSSS de votre secteur ou bien encore en composant le 811, INFO-SANTÉ.

Pour des ressources concernant les lignes d’écoute, voici un lien menant à « L’Association des centres d’écoute téléphonique du Québec ».

  • Ne restez pas seul !

Tous les dessins présentés ont été réalisés par Émy.

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Une ado de 16 ans raconte sa tentative de suicide. – Radio-Canada – Médium large

Cette étudiante a accepté de témoigner des états dépressifs qui l’assaillent depuis l’âge de 11 ans. – Radio-Canada – Remue-ménage

The 150 Leading Canadians For Mental Health – Emy Carrière Tassé

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About Carriere 15 Articles
Je suis compositeur de musique de méditation et d'introspection

4 Comments

  1. Merci de croire que tout est possible* Grandir dans la foi* Voir la lumière au bout du tunnel!

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